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ÉLEVER L'AVENIR MUSICAL DU GOLFE
Shavkat Mamadjonov redéfinit
la scène musicale du Golfe
— de l'Ouzbékistan à Dubaï,
sa vision soutient les jeunes talents
et donne tout son sens à la musique.
Lorsque Shavkat Mamadjonov est arrivé aux Émirats arabes unis, il ne cherchait pas à être sous les feux de la rampe — il construisait la scène. Au fil des années, il a discrètement façonné le paysage musical de la région à travers une série d’initiatives réfléchies qui placent l’art, l’éducation et la connexion culturelle au cœur de leur démarche.
De la fondation de House of Pianos à l’introduction de Steinway & Sons à Dubaï, en passant par le lancement de l’innovant Music Booth, ses entreprises ont ouvert de nouvelles portes pour les musiciens comme pour les publics. Plus récemment, sa vision a pris un nouvel élan avec la création du Concours de Piano Steinway GCC, accueillant des centaines de jeunes pianistes et offrant une plateforme puissante pour les talents émergents émiratis.
Que ce soit par un mentorat à long terme, des concerts communautaires gratuits ou des camps musicaux immersifs, le travail de Shavkat continue de cultiver une appréciation plus profonde de la musique à travers les générations. Reconnu par le Visa d’Or des Émirats arabes unis pour ses contributions, il reste une force discrète — défendant sans bruit un avenir où la musique n’est pas seulement entendue, mais profondément ressentie.
Nous avons rencontré Shavkat entre deux engagements dans son emploi du temps chargé pour discuter de son héritage, de sa mission et de la magie discrète des pianos dans un monde effréné.
— SUNA MOYA
Montage des clips vidéo par QCEG
SHAVKAT MAMADJONOV
ÉLEVER L'AVENIR MUSICAL DU GOLFE
Shavkat Mamadjonov redéfinit la scène musicale du Golfe — de l’Ouzbékistan à Dubaï, sa vision soutient les jeunes talents et donne tout son sens à la musique.
Suna Moya : Vous n’êtes pas arrivé à Dubaï en tant que musicien, et pourtant vous avez transformé son paysage musical. Quel a été le moment où vous avez réalisé que la musique devait devenir l’œuvre de votre vie, et non seulement une passion personnelle ?
Shavkat Mamadjonov : Je ne suis pas arrivé à Dubaï en tant que musicien, mais avec un profond respect pour le pouvoir transformateur de la musique. Le tournant a été lorsque j’ai compris que mon rôle n’était pas nécessairement de jouer, mais de façonner l’environnement où la musique pouvait s’épanouir. J’ai trouvé ma propre manière de contribuer : soutenir l’éducation musicale, encourager les jeunes talents et créer des espaces et des opportunités où la musique peut prospérer.
Dans un monde où la technologie progresse rapidement et où les écrans dominent notre attention, je crois qu’il est plus important que jamais de favoriser une connexion authentique avec la musique. La musique est essentielle au développement intellectuel et émotionnel — elle cultive la discipline, la créativité et l’empathie. Cette conviction s’est transformée en une mission personnelle pour garantir que la musique conserve sa place dans la vie des gens et pour soutenir activement la croissance des talents musicaux ici aux Émirats arabes unis.
Suna Moya : Les pianos sont souvent perçus comme des instruments du passé — classiques, voire nostalgiques. Pourtant, vous les avez rendus modernes et essentiels dans une région tournée vers l’avenir. Que représente le piano pour vous dans le monde d’aujourd’hui ?
Shavkat Mamadjonov : Pour moi, le piano est la reine des instruments. Peu d’autres engagent tout votre être — vos mains, vos pieds, votre esprit et toute votre attention. Jouer demande une coordination et une présence, ce qui en fait non seulement un acte musical, mais une expérience intrinsèquement humaine.
Ce qui est remarquable, c’est que malgré des siècles d’innovation, le design fondamental du piano est resté presque inchangé — un témoignage de son intemporalité. Ce n’est pas seulement un instrument ; c’est un chef-d’œuvre de l’artisanat, chaque détail empreint de passion et de précision.
Dans le monde rapide d’aujourd’hui — surtout dans une région qui embrasse le progrès et la technologie à un rythme effréné — le piano est une force d’ancrage. J’ai été témoin de son pouvoir transformateur non seulement dans les salles de concert, mais aussi dans les foyers, les écoles et les salles de thérapie. Son impact sur les enfants et les adultes, y compris ceux atteints d’autisme ou d’autres handicaps, est extraordinaire. Le piano compte — peut-être plus que jamais — car il nous relie à nous-mêmes et aux autres de manière profonde et durable.
Suna Moya : Dubaï est connue pour sa réinvention. Comment la ville a-t-elle façonné votre approche, non seulement en affaires, mais aussi en matière de culture et d’héritage ?
Shavkat Mamadjonov : Les Émirats arabes unis, et Dubaï en particulier, ont été une source d’inspiration inépuisable. Leur rythme d’évolution, leur volonté d’embrasser le changement global et leur leadership visionnaire qui place les gens et le progrès au centre de tout sont vraiment remarquables.
Au cours des 13 dernières années, j’ai eu la chance de bénéficier du soutien constant des gouvernements de Dubaï et d’Abou Dabi. Ce soutien a renforcé mon travail et confirmé que nos visions convergent : construire un paysage culturel vibrant où l’art et la musique sont accessibles, valorisés et célébrés.
L’esprit de réinvention de Dubaï a façonné ma propre vision — pas seulement en affaires, mais dans ma perception de l’héritage. Il s’agit de créer quelque chose de significatif et de durable, qui contribue à l’âme de la ville. À travers nos initiatives, nous contribuons à façonner le récit culturel des Émirats arabes unis — un piano, un concert, un jeune talent à la fois.
Suna Moya : Vous travaillez à l’intersection du luxe et de l’art. Comment maintenez-vous votre mission ancrée dans le sens, et non seulement dans l’esthétique ou le profit ?
Shavkat Mamadjonov : Bien que la rentabilité soutienne toute entreprise, ma véritable passion a toujours été ancrée dans l’éducation, l’enrichissement culturel et l’engagement communautaire. Dès le départ, je savais que je ne voulais pas bâtir une entreprise basée uniquement sur des transactions — je voulais créer quelque chose de durable et de significatif.
Lorsque j’ai décidé de consacrer la moitié de mon showroom à la Salle de Concert Steinway, beaucoup d’amis, de partenaires et même de membres de ma famille ont questionné cette décision. Ils ne comprenaient pas pourquoi je sacrifierais autant d’espace commercial pour quelque chose qui ne générerait pas directement de revenus. Mais j’étais convaincu que c’était la bonne chose à faire.
Aujourd’hui, ces mêmes voix constatent l’impact. Grâce à des concerts communautaires gratuits, des centaines d’ateliers et de masterclasses, et d’innombrables récitals d’étudiants, nous avons créé un espace qui appartient véritablement à la communauté musicale des Émirats arabes unis — un lieu que les enseignants, les musiciens et les amateurs de musique considèrent désormais comme le leur.
Pour moi, l’intersection du luxe et de l’art n’a de sens que lorsqu’elle sert un objectif plus élevé. Équilibrer une entreprise prospère avec des contributions significatives au tissu culturel et éducatif de cette région est, pour moi, la véritable définition du succès.
Suna Moya : Vous avez ouvert des portes aux artistes internationaux, tout en créant des espaces pour les jeunes talents locaux. Pourquoi est-il si important pour vous d’investir dans la prochaine génération, en particulier les pianistes émiratis ?
Shavkat Mamadjonov : Il n’y a pas d’avenir sans investir dans le présent, et cela commence avec la jeune génération. Les Émirats arabes unis sont ma maison — mes enfants y sont nés, ma famille y vit, et tout ce que je fais est guidé par la même dévotion que je porterais à mon propre pays.
Soutenir les jeunes talents, en particulier les pianistes émiratis, n’est pas seulement un devoir — c’est un privilège. Avec l’identité culturelle croissante des Émirats arabes unis — du lancement de l’Orchestre National des Émirats à Abou Dabi à l’orchestre de Dubai Culture — l’avenir est prometteur. Mais pour que ces initiatives prospèrent, nous devons préparer et autonomiser la prochaine génération.
C’est pourquoi nous avons concentré tant d’efforts à impliquer les familles émiraties à travers nos programmes éducatifs, masterclasses, concerts communautaires et expositions dans les écoles. Je vois une immense curiosité, un engagement et du talent chez les jeunes émiratis. Avec le bon accompagnement, beaucoup façonneront l’avenir culturel des Émirats arabes unis. Mon rôle est simplement d’ouvrir les portes.
Suna Moya : La musique est invisible, pourtant elle touche profondément les gens. À une époque d’IA et de vitesse, comment expliquez-vous le pouvoir durable de quelque chose d’aussi humain, lent et analogique ?
Shavkat Mamadjonov : Dans un monde dominé par les algorithmes, la vitesse et l’intelligence artificielle, la musique nous rappelle notre humanité. Bien qu’invisible, son impact est profondément ressenti. C’est pourquoi je crois que promouvoir l’éducation musicale — en particulier le piano — est plus important que jamais.
À mesure que la technologie progresse, nous devons décider ce que nous confions aux machines et ce que nous préservons comme étant uniquement humain. L’émotion, l’imperfection et la créativité de la musique ne peuvent pas être reproduites par l’IA. Une machine peut produire des notes, mais elle ne peut exprimer la nostalgie, la joie ou l’amour comme un artiste humain.
Je veux encourager les gens à revenir dans les salles de concert — à vivre la musique en direct et à ressentir quelque chose de véritable et d’authentique. La musique nous relie, nous émeut et exprime souvent ce que les mots ne peuvent pas. Dans notre monde rapide, elle est un rappel vital de ralentir, d’écouter et de ressentir.
Suna Moya : Vos initiatives portent souvent une générosité discrète — concerts gratuits, mentorats, accès aux instruments. Considérez-vous la musique comme une forme de service ? Quelle est votre intention derrière cela ?
Shavkat Mamadjonov : Absolument, je vois la musique comme une forme de service. En tant que parent, je comprends à quel point une sortie ordinaire avec ses enfants peut rapidement devenir coûteuse. C’est pourquoi créer quelque chose de différent — quelque chose de significatif et gratuit — était si important pour moi.
Nos concerts communautaires incarnent cette idée. Ils sont devenus un lieu de rassemblement où les familles écoutent, les enfants découvrent et la curiosité s’éveille. Je suis particulièrement fier de l’aspect éducatif — nos concerts commentés initient doucement le public aux histoires derrière chaque œuvre, son compositeur et sa musique.
Nous veillons également à ce que de jeunes talents locaux ouvrent chaque concert. Ce simple geste crée un effet d’entraînement : les amis, les familles et les camarades de classe viennent les soutenir, renforçant une communauté culturelle vibrante. Pour moi, il s’agit de donner aux gens un lieu où ils se sentent chez eux, où ils peuvent grandir et être inspirés.
Suna Moya : Vous avez lancé Music Booth pour connecter les musiciens à des espaces créatifs dans le monde entier. De quoi les artistes d’aujourd’hui ont-ils le plus besoin — d’espace, de temps ou de liberté ?
Shavkat Mamadjonov : Lorsque j’ai lancé Music Booth, l’objectif était simple : rendre la musique accessible, abordable et insonorisée — à tout moment, n’importe où. Trop d’artistes peinent encore à trouver des espaces pour pratiquer ou créer sans interruption. Qu’ils soient musiciens en déplacement, enseignants dévoués ou étudiants ambitieux, l’accès à un espace adéquat reste l’un de leurs plus grands défis.
C’est pourquoi je crois que ce dont les artistes ont le plus besoin aujourd’hui, c’est de liberté — la liberté de jouer, de pratiquer et de s’exprimer sans contraintes comme les plaintes pour bruit, les loyers élevés ou la disponibilité limitée. Music Booth est ma réponse. Notre application mobile et nos solutions de studios insonorisés offrent aux musiciens cette liberté.
Nous visons à installer des Music Booths dans les grands hôtels, les centres communautaires, les centres commerciaux et même les aéroports — pour que, lorsque l’inspiration frappe, un espace professionnel soit à portée de main. La musique ne devrait jamais être limitée par des murs ; elle devrait être libre de croître — tout comme les personnes qui la créent.
Suna Moya : L’entrepreneuriat est souvent abordé en termes de chiffres et de croissance, mais construire dans le domaine de la culture nécessite une âme. Quelles valeurs personnelles guident vos décisions ?
Shavkat Mamadjonov : Pour moi, c’est simple : je crois en la puissance de l’éducation — en particulier l’éducation artistique — et en la nécessité de la rendre abordable et accessible à tous. Cette conviction sous-tend chaque décision que je prends.
Suna Moya : Si un pianiste de dix ans du CCG était assis en face de vous — nerveux, talentueux et incertain — que lui diriez-vous à propos du chemin à venir ?
Shavkat Mamadjonov : J’ai rencontré de nombreux jeunes pianistes émiratis et du CCG au fil des années, et chaque rencontre me rappelle à quel point la musique peut être puissante et personnelle. Je prends toujours le temps de parler avec les enfants et leurs parents, de comprendre leurs motivations, ce que la musique représente pour eux et comment nous pouvons soutenir leur parcours.
Un exemple inspirant est celui d’un jeune pianiste émirati nommé Zayed. Nous avons été fiers de le soutenir non seulement en lui offrant des opportunités de se produire et de grandir, mais aussi en guidant ses parents pour nourrir son talent. Pour moi, il s’agit de créer un environnement où les jeunes musiciens se sentent vus, soutenus et encouragés à suivre leur passion.
Suna Moya : Une dernière question, Shavkat — si votre vie était une œuvre musicale, à quoi ressemblerait-elle aujourd’hui ? Et plus important encore, qui souhaiteriez-vous qu’elle soit entendue ?
Shavkat Mamadjonov : Ce serait un mélange de musique classique, orientale et moderne — c’est la meilleure réflexion de ma vie : embrasser la diversité et le changement. Je voudrais que le monde l’entende — en particulier les parents d’enfants talentueux qui n’ont peut-être pas encore reçu la reconnaissance ou le soutien qu’ils méritent.